Volume 3, numéro 2, 2008

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Alvaro Malaina

Edgard Morin et Jesús Ibáñez : sociologie et théories de la complexité (p. 9–39)

Résumé:

L’article prend appui sur les théories dites « de la complexité » et sur les tentatives d’application de celles-ci à la sociologie. Il compare les perspectives théoriques d’Edgar Morin et du sociologue espagnol Jesús Ibáñez, qui se réclament du «paradigme de la complexité », en analysant leurs convergences et divergences, en vue de l’élaboration d’une « sociologie complexe ». À partir d’une approche comparative, l’article propose des pistes et des orientations possibles pour la construction d’une « science sociale complexe » qui intégrerait une ontologie, une épistémologie et une éthique, et qui devrait également s’ouvrir, sans perdre un esprit critique, aux modélisations contemporaines de la complexité au moyen de techniques de recherche telles que la simulation multiagents.

Mots-clés : Edgard Morin, Jesús Ibáñez, théories de la complexité, sociologie, simulation multi-agents.

Pascal Roggero et Christophe Sibertin-Blanc

Quand des sociologues rencontrent des informaticiens : essai de formalisation, méta-modélisation, modélisation et simulation des systèmes d’action concrets (p. 41–81)

Résumé :

Le texte résulte d’une collaboration inédite entre sociologues et informaticiens. Il présente un travail de formalisation de la sociologie de l’action organisée qui a abouti à l’élaboration d’un métamodèle de cette théorie. Ce méta-modèle permet de modéliser des systèmes d’action concrets et de simuler leur fonctionnement. À travers l’exposition des résultats théoriques et leur application à un cas simple, nous souhaitons montrer que cette démarche présente un intérêt théorique et méthodologique pour la sociologie. Elle permet de préciser des concepts sociologiques initialement exprimés en langage naturel afin de pouvoir les évaluer de manière quantitative. Elle rend possible la simulation de situations organisationnelles et ouvre ainsi la voie à une exploration des états possibles d’un système d’action concret. Ces éléments constituent, à nos yeux, un enrichissement de la pratique sociologique.

Mots-clés : sociologie de l’action organisée, formalisation, modélisation, simulation sociale, systèmes multi-agents, système d’action concret, ressource, relations, pouvoir, satisfaction.

Geoffrey Carrère et Nicolas Malinowski

Observatoires de la vie étudiante des universités contre Portail étudiant du Ministère: conflit statistique, territorial ou organisationnel ? (p. 83–111)

Résumé :

En France, l’université a fait longtemps l’objet d’un désintérêt sociologique, et ce, contrairement à celle des pays anglo-saxons. Cet article participe donc à l’ouverture de la boîte noire universitaire par une réflexion au cœur de l’actualité politique relative à l’autonomie et à l’adaptabilité de l’université au monde du travail. Afin de répondre à cette problématique contemporaine, le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche a proposé la création d’un nouveau site Web, le Portail étudiant, auquel s’opposent les observatoires de la vie étudiante (OVE). L’analyse de ce conflit d’ordre méthodologique soulève un questionnement plus large sur la prégnance de la dimension territoriale dans la construction des indicateurs statistiques réalisés par les OVE.

Mots-clés : université, Observatoire de la vie étudiante, indicateurs statistiques, territoire, organisations, pouvoir, vulgarisation.

Bernard Ancori

Espace-temps d’un réseau sociocognitif complexe. I : Propension à communiquer et présent spécieux (p. 113–181)

Résumé :

Ce texte analyse les frontières et la structure interne de l’espace d’un réseau sociocognitif complexe. À cette fin, il définit rigoureusement la notion de ressemblance entre acteurs d’un tel réseau en proposant une spécification de la manière aujourd’hui la plus satisfaisante d’exprimer mathématiquement la ressemblance entre deux objets : celle qu’exprime la notion duale de distance informationnelle définie dans le cadre de la complexité algorithmique. Dans ce cadre, deux objets sont d’autant plus semblables que l’on passe facilement de la description de l’un à la description de l’autre, et réciproquement. Dans le cas d’un réseau complexe d’acteurs cognitifs individuels, ce degré de ressemblance entre acteurs s’identifie à leur propension à communiquer. Cette propension exprime une probabilité conditionnelle à une situation réticulaire donnée et situe chaque acteur par rapport aux autres dans l’espace ainsi défini. Elle confère donc une structure au réseau, et cette structure exprime le présent de ce dernier comme une tension dialectique entre passé et avenir de son évolution temporelle. Ce concept de propension à communiquer constitue ainsi une formalisation de la notion de présent spécieux analysée aujourd’hui par la philosophie de l’esprit et les sciences cognitives, et il fonctionne comme un marqueur spatiotemporel dans l’évolution du réseau sociocognitif complexe.

Mots-clés : théorie de la connaissance, apprentissages situés, information combinatoire, infra-individualisme complexe, propension à communiquer, amas d’acteurs, présent spécieux, temps comme tel, équilibre informationnel et entropie, sémantique des mondes possibles, révolution scientifique (Kuhn).

Julie Boissonneault

Note de lecture. La construction de savoirs pour l’action, Marie-José Avenier et Christophe Schmitt (dir.), Paris, L’Harmattan, coll. « Action & Savoir, Série Rencontres », 2007 (p.  183-186)