Volume 17, numéro 1, 2021

Monique Dalud-Vincent et Josette Debroux

« Avant-propos. Catégories socioprofessionnelles, mobilité sociale et professionnelle » (p. 13-18)

Monique Dalud-Vincent

« Mobilité sociale selon le(s) sociologue(s) et selon les enquêté.e.s : comparaison entre points de vue d’après l’enquête Formation et qualification professionnelle de 2014/2015 » (p. 19-68)

Résumé : Partant de la dernière enquête FQP 2014/2015 de l’INSEE sur la mobilité sociale en France, cet article compare cinq propositions de sociologues concernant les regroupements en classes des catégories socioprofessionnelles et les qualifications du sens de la mobilité ainsi que leurs effets sur l’analyse de la mobilité inter-générationnelle. Une comparaison avec le point de vue des enquêté.e.s est effectuée. Ce travail prend en compte le sexe, l’âge et l’origine sociale (père ou mère) des enquêté.e.s (français.es de naissance, résidant en France métropolitaine, actif.ve.s ou ancien.ne.s actif.ve.s).

Mots-clefs : mobilité sociale ; comparaison entre sociologues ; regroupement des catégories socioprofessionnelles ; évaluation de la trajectoire de mobilité ; effets sur l’analyse de la mobilité

Monique Dalud-Vincent, Alexandre Vayer et Marie-Carmen Garcia

« L’effet différencié des configurations familiales sur la mobilité sociale subjective : une comparaison hommes/femmes » (p. 69-102)

Résumé : Sur la base de l’enquête Formation et Qualification Professionnelle de 2014/2015, nous étudions l’effet des configurations familiales sur la mobilité sociale subjective (i.e. le jugement de l’enquêté.e sur sa trajectoire) en confrontant deux situations spécifiques : « jamais en couple » vs « marié.e.s avec enfant ». D’un côté, les femmes « mariées avec enfant », qui portent notamment plus le poids de la vie domestique, semblent intégrer dans leur jugement ce frein qui les empêche de mener à bien leur carrière professionnelle. D’un autre côté, les hommes tireraient de leurs accomplissements familiaux un bénéfice supérieur à celui des femmes. Dans ce schéma d’ensemble, les femmes cadres ayant « fait famille » font exception.

Mots-clefs : genre ; configuration familiale ; mobilité sociale subjective

Antoine Dain

«Des « déclassements » volontaires ? Les déterminants de la mobilité subjective d’artisans reconvertis, par-delà les catégories socioprofessionnelles » (p. 103-151)

Résumé : Alors qu’une approche de la mobilité sociale par les nomenclatures socioprofessionnelles pourrait conduire à y voir des formes de « déclassement volontaire », les bifurcations de membres de la catégorie des Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures (CPIS) ou d’individus très diplômés (bac +5) vers des métiers artisanaux au recrutement social populaire invitent à interroger plus en détail la perception subjective de ces mobilités atypiques. Cet article vise à mettre en évidence l’absence de sentiment de déclassement chez ces reconvertis et les ressorts de leur mobilité subjective. Ce faisant, il est possible d’interroger le lien entre mobilité professionnelle et mobilité sociale, en mettant en évidence certaines logiques de requalification subjective des métiers artisanaux, l’émergence de nouveaux rapports à la mobilité professionnelle ainsi que l’articulation des catégories socioprofessionnelles avec des registres alternatifs de classement.

Mots-clefs : déclassement ; mobilité subjective ; artisanat ; classements socio-professionnels

Maxime Lemaitre

« Analyser des mobilités sociales en contexte migratoire : entre déclassement objectif et réalisation des aspirations » (p. 153-182)

Résumé : Partant du constat de la nécessité de repenser la manière dont est envisagée la mobilité sociale, et notamment l’articulation entre ses dimensions subjectives et objectives, cet article rend compte du cas particulier des mobilités sociales en contexte migratoire. Il présente le parcours migratoire de trois familles migrantes inégalement dotées, des modalités selon lesquelles elles construisent un projet migratoire avant de quitter leur pays, à la manière dont leurs capitaux et ressources se recomposent dans l’immigration. En décrivant les parcours professionnels et résidentiels de ces trois familles, l’article montre comment les dimensions professionnelles et résidentielles de la mobilité sociale s’entremêlent pour produire des rapports différenciés à la mobilité sociale induite par le processus migratoire. En fonction des aspirations formulées avant l’émigration et leur confrontation à la réalité de la migration, les familles migrantes reformulent leur projet migratoire et expriment un rapport à la mobilité sociale que l’analyse macrosociologique ne permet pas de saisir.

Mots-clefs : capital ; ressources ; processus migratoire ; déplacement social

Hors-thème

Célyne Lalande et Audrey Gonin

« Principaux univers de sens de l’intervention sociojudiciaire en violence conjugale » (p. 185-220)

Résumé : Cet article porte sur les représentations professionnelles de l’intervention sociojudiciaire de 37 actrices sociales québécoises impliquées dans la réponse à la violence conjugale. Il vise à mettre en évidence les principales conceptions de ces intervenantes pour définir et orienter ce mode d’intervention et à dégager les positionnements ayant une influence sur ces représentations. Les analyses lexicométriques soutenues par le logiciel Alceste des 37 entrevues individuelles réalisées ont relevé que l’intervention judiciaire, la protection des personnes, la relation d’aide et la professionnalité constituent les principaux univers de sens dont nous ont fait part les intervenantes rencontrées. Ces analyses révèlent aussi que les ancrages de ces actrices dans leur champ de pratique et discipline tendent à favoriser un langage distinctif chez celles-ci. Les implications de ces résultats sur la collaboration professionnelle en violence conjugale sont discutées en mettant notamment de l’avant certains contextes où ces collaborations nous apparaissent plus nécessaires.

Mots-clefs : intervention sociojudiciaire ; violence conjugale ; représentations professionnelles ; collaboration

Interprétation de texte

Émilie Tremblay

« Le rapport de l’OCDE à propos de l’impôt sur les successions et le Canada » (p. 223-232)

Comptes-rendus de lecture

Éric Boulé et Emanuel Guay

Management, Organizations and Contemporary Social Theory, Stewart Clegg et Miguel Pina e Cunha (dir.), Londres, Routledge, 2019, 326 p. (p. 233-241)

Raoul Étongué-Mayer

Ces lieux qui nous affectent, Georges-Henry Laffont, Denis Martouzet (dir.), Paris, Hermann, coll. « Colloque Cerisy », 2021, 518 p.  (p. 243-245)

Sylvie Lafrenière

Habiter la ville Antillo-Guyanaise (XVIIe-XXIe siècle). Essai d’approche pluridisciplinaire, Dominique Rogers et Boris Lesueur (dir.), Paris, L’Harmattan, 2020, coll. « Études/Antilles », 254 p.  (p. 247-252)

Chantal Despres

L’individu et sa langue. Hommages à France Martineau, Wim Remysen et Sandrine Tailleur (dir.), Québec, Presse de l’Université Laval, coll. « Les voies du français », 296 p.  (p. 253-256)

Audrey Paquette-Verdon

Canada at Crossroads: Boudaries, Bridges, and Laissez-Faire Racism in Indigenous-Settler Relations, Jeffrey S. Denis, Toronto, University of Toronto Press, 2020, 384 p.  (p. 257-259)

Alexa Johnson

Enfants difficiles, la faute aux écrans ? Les bienfaits du sevrage électronique, Victoria Dunckley, Montréal, Écosociété, 2020, 416 p.  (p. 261-264)