Bernard Ancori
« Complexité et créativité : émergence, stabilité et dynamiques des collectifs » (p. 11-39)
Résumé : Dans le cadre d’un modèle formel de la structure et de l’évolution d’un réseau sociocognitif complexe d’acteurs individuels, cet article analyse les conditions d’émergence, de stabilisation et de disparition de collectifs, i.e. de groupes organisés et stables d’acteurs individuels, qui se comportent comme autant de sujets dotés d’intentionnalité – de sujets pluriels.
Le socle cognitif de chacun de ces derniers étant formé de représentations partagées par l’ensemble de ses membres, l’émergence de tels collectifs implique l’apparition de telles représentations. Cette apparition représente un premier phénomène créatif, immédiatement collectif, lié à la dimension extensive de l’apprentissage individuel lors de la communication sociale. La stabilisation progressive de tels collectifs résulte alors de la dimension intensive de cet apprentissage, réalisée simultanément à sa dimension extensive, et qui débouche sur l’apparition de routines cognitives. Ces dernières s’effacent parfois du niveau conscient des sujets individuels, et ainsi parfaitement ancrées, elles deviennent invisibles pour les collectifs de pensée concernés, qui se trouvent de ce fait pleinement stabilisés.
Chaque état du réseau contient une constellation de tels collectifs de tailles et de vocations diverses, mais dont certains poursuivent un même objectif. Ils entrent alors en concurrence du fait d’être centrés sur un objet com¬mun que chacun d’eux voudrait gérer seul après avoir éliminé l’(les) autre(s) collectif(s) concerné(s). L’analyse de cette dynamique concurrentielle détaille les conditions de la suprématie de l’un des collectifs concernés sur l’autre (ou sur les autres). C’est alors le paysage de l’en¬semble des collectifs qui se trouve modifié au terme toujours provisoire d’une telle dynamique, et se manifeste ainsi une seconde forme de créativité, cette fois-ci au niveau du réseau global.
Mots-clefs : émergence, communication, apprentissage, stabilisation, concurrence
Monique Dalud-Vincent
« Une autre manière de modéliser les réseaux sociaux. Applications à l’étude de co-publications » (p. 41-68)
Résumé : Cet article a pour objectif de montrer pourquoi et com¬ment la prétopologie (domaine des mathématiques qui recouvre la théorie des graphes et la topologie) peut apporter une modélisation et un traitement plus souples et mieux adaptés des réseaux sociaux.
Mots-clefs : prétopologie, théorie des graphes, réseaux sociaux, connexité
Max Béligné
« Des espaces dans la détection de métaphores » (p. 69-99)
Résumé : Cet article propose un état des lieux des méthodes de détection manuelle et automatique de métaphores en vue par la suite d’une meilleure compréhension d’une science sociale. L’objectif est tout d’abord d’avoir une vue synthétique et organisée des différentes théories et métho¬dologies (formant à chaque fois des espaces possibles différents de détection) pour mieux orienter la recherche sur cette question difficile. Ensuite, chaque espace a été approfondi pour mieux comprendre ses potentialités, ses limites et ses articulations avec les autres espaces. L’aspect protéiforme des métaphores oblige à cet exercice important à la fois de synthèse et de détail, car c’est en combinant les spécialisations des différents espaces qu’on pourra améliorer la détection globale de ce trope aux définitions multiples. Enfin, il s’agit, à travers cet article, de recons¬truire un cadre intégrateur pour appréhender simultanément les détections manuelles et automatiques, car elles sont souvent traitées de manière indépendante du fait des spécialisations alors qu’elles traitent d’un problème commun.
Mots-clefs : métaphore, détection automatique et manuelle, espace, méthode, théorie
Julie Boissonneault et Simon Laflamme
« Le décrochage culturel ou passer de l’école franco-ontarienne à l’école de langue anglaise » (p. 101-161)
Résumé : Au Canada français hors Québec, entre le début des études élémentaires et la fin du secondaire, une proportion importante d’élèves quittent les écoles de langue française pour s’inscrire dans les écoles de langue anglaise. L’objectif de cette recherche est d’expliquer le phénomène. Une enquête a été menée auprès d’élèves, de leurs amis, de leurs parents et de leurs enseignants. Elle a permis d’établir des variations selon les régions, de mettre en évidence l’incidence de la manière dont les élèves se perçoivent linguistiquement puis de repérer une idéologie linguistique et la manière dont elle circule.
Mots-clefs : décrochage culturel, abandon scolaire, minorité de langue française, Canada, éducation, Ontario français, idéologie, représentation linguistique
Comptes rendus de lecture
Roger Gervais
Complexité des cultures et de l’interculturel. Contre les pensées uniques
Jacques Demorgon, 5e édition revue et augmentée, Paris, Economica, 2015, 331 p. (p. 163-166)
Stéphane Richard
Regards croisés sur l’itinérance
Saïd Bergheul (dir.), Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. « Problèmes sociaux et interventions sociales », 2015. (p. 167-170)
Véronique Brideau-Cormier
La maltraitance des personnes âgées : l’envers du décor
Yannick Sauveur, Paris, L’Harmattan, coll. « Des Hauts et Débats », 2015. (p. 171-173)
Leonardo G. Ridriguez Zoya
El conocimiento de lo social I. Principios para pensar su complejidad
Enrique Luengo González, Guadalajara (Mexique), ITESO, 2014, 428 p.
(p. 174-178)