Claude Vautier
In memoriam : Alain Desrosières et Raymond Boudon (p. 13–16)
Anne Robineau, Jean Valenti et Martin Geoffroy
Avant-propos (p. 19–28)
Simon Laflamme
Des dialectiques relatives aux médias et à la culture dans la francophonie canadienne (p. 29–50)
Résumé :
La culture, dans son sens sociologique, est le résultat d’une dialectique toujours en cours entre des symboliques et des ensembles d’individus, d’une part, et entre des individus entre eux et des collectifs entre eux, d’autre part; elle est information et communication. Dans les sociétés hautement définies par les moyens de communication de masse, cette dialectique non seulement est-elle mouvement continu, mais elle est encore pluralité. Cette pluralité remet en cause la possibilité même de l’identité sociale. S’opère ainsi une autre dialectique, celle-ci entre homogénéisation et différenciation. Les médias constituent l’un des facteurs les plus déterminants des symboliques, et donc des identités. Les messages qu’ils émettent sont soumis aux diverses contraintes de la concurrence, notamment à celles de l’économie et de la démographie, mais aussi à celles de la représentation et de la dialectique entre les producteurs de message et leurs destinataires. Une collectivité, dans la contemporanéité, ne peut se reproduire que dans la mesure où elle évolue dans ce complexe. C’est ce dont nous tenterons de rendre compte en mettant l’accent sur la francophonie canadienne.
Mots-clés : médias et culture, minorité, francophonie canadienne, homogénéisation,, différenciation, arts.
Jean Valenti
Récit de Soi médiatique et identitaire. La Liberté entre francisation, rentrée scolaire, discipline et éloge (p. 51–84)
Résumé :
Cet article porte sur la rubrique « Dans nos écoles » du journal franco-manitobain La Liberté (2006-2008). L’auteur vise à montrer que le récit de soi y explore certaines stratégies de reconnaissance identitaires au croisement de l’individuel et du social. Il insiste sur les figures de la francisation, de la rentrée scolaire et de la discipline en milieu scolaire, tout en montrant que la dialectique de soi et de l’autre y ouvre un parcours symbolique à la faveur duquel l’autre de la culture franco-manitobaine (le monde anglophone) s’énonce implicitement. À ce titre, le récit de soi, comme forme narrative, constitue un lieu de médiations et de mémoire. Afin de mieux préciser son objet de recherche, l’auteur propose d’entrée de jeu une synthèse des travaux menés sur l’identité dans quelques champs disciplinaires en sciences humaines et sociales. Cette synthèse permet non seulement de mettre en relief la complexité du concept d’identité, mais aussi quelques idées directrices sans lesquelles celui-ci demeure perméable à tous les abus conceptuels.
Mots-clés : identité, théories, minorité franco-manitobaine, média francophone, représentation de la jeunesse, éloge.
Ziyan Yang
Le Fardeau de la légèreté : une étude de Kimchi d’Ook Chung (p. 85–100)
Résumé :
Depuis la naissance de la littérature du Québec qui vise la construction de l’identité québécoise, le rapport entre la saisie du Soi et la perception de l’Autre constitue un noyau dur du discours littéraire. Aujourd’hui, avec l’émergence des écrivains migrants ou néo-québécois (différenciés des écrivains québécois « de souche »), le Soi et l’Autre se rapprochent à tel point que leurs frontières se dissolvent dans cette écriture dite « migrante ». Cet article s’intéresse à la représentation de l’identité dans le premier roman Kimchi par Ook Chung, un écrivain québécois d’origine asiatique. En nous appuyant sur les recherches de Charles Taylor et de Paul Ricoeur portant sur la notion de l’identité, nous réfléchissons d’abord sur la dialectique entre le Soi et l’Autre dans la quête identitaire du protagoniste. Ensuite, nous analysons le langage de Chung à la croisée des cultures selon le concept de l’« hybridité » proposé par Homi Bhabha. Finalement, nous portons notre attention au rôle de l’art et de l’écriture dans l’élaboration identitaire chez Chung.
Mots-clés : identité, altérité, hybridité, écriture, langue, culture.
Lucie Hotte
Les Arts au service de l’identité : le rôle des rapports de comités d’enquête dans la définition de l’art minoritaire (p. 101–117)
Résumé :
Cet article porte sur les attentes des élites franco-canadiennes, et plus particulièrement franco-ontariennes, à l’égard des artistes et de leurs oeuvres dans le contexte des transformations sociétales qui ont cours durant les années 1960 et 1970. Il analyse plus précisément les trois rapports d’enquêtes commandés par le gouvernement ontarien entre 1969 et 1991, soit ceux du Comité franco-ontarien d’enquête culturelle (communément appelé le Rapport Saint-Denis, déposé en 1969), du Groupe d’étude sur les arts dans la vie franco-ontarienne, intitulé Cultiver sa différence. Rapport sur les arts dans la vie franco-ontarienne (ou le Rapport Savard, déposé en 1977) et du Groupe de travail pour une politique culturelle des francophones de l’Ontario, dont le titre est RSVP. Clefs en main (ou le Rapport Grisé, déposé en 1991). L’analyse permet de cerner les divers rôles, le plus souvent de cohésion sociale et de construction identitaire, que les élites souhaitent faire jouer aux artistes et aux oeuvres et de dégager les principaux enjeux et défis que les conceptions de l’art proposées, voire imposées, posent aux artistes.
Mots-clés : politique culturelle, art et culture, art engagé, art minoritaire, médiation culturelle.
Pamela V. Sing
Littérature et communauté : vitalité et reconnaissance du Far Ouest francophone (p. 119–144)
Résumé :
Pendant presque un siècle, la « littérature franco-albertaine » a signifié les ouvrages de principalement un écrivain reconnu. Jusqu’aux années 1950, ce fut l’écrivain d’origine française, George Bugnet, qui s’est établi en Alberta peu de temps après la création de la province. De 1960 jusqu’à la fin du siècle, ce fut Marguerite-A. Primeau, qui, née à Saint-Paul-des-Métis dans le nord de l’Alberta, s’est établie à Vancouver en 1954. Or, depuis l’an 2000, la francophonie albertaine connaît une croissance démographique, institutionnelle et culturelle qui permet de parler de sa vitalité. Au seul plan littéraire, le nombre de ses écrivains, définis dans cet article comme les francophones qui sont nés en Alberta ou bien qui, originaires d’une autre francophonie, vivent et écrivent ou ont vécu et ont écrit en Alberta, a augmenté. Ils sont encore peu nombreux relativement aux milieux franco-manitobaine, franco-ontarienne ou acadienne, mais dans l’unique cadre albertain, le « Far Ouest » du titre, « cela bouge ». On pourrait dire que la communauté franco-albertaine se trouve actuellement non tant préoccupée par sa survivance, que soucieuse de son épanouissement. Du coup, elle cherche la reconnaissance. Auprès de qui? Par quels moyens? Cet article tente d’apporter quelques éléments de réponse à ces questions tout en réclamant pour la production littéraire un rôle particulièrement important.
Mots-clés : vitalité et reconnaissance, communauté et littérature, Far Ouest francophone.
Anne Robineau
Inégalités et minorisation des identités chez les femmes artistes dans la francophonie canadienne (p. 145–174)
Résumé :
Bien que les femmes artistes souhaitent une reconnaissance de leurs oeuvres indépendamment de leur genre, de leur langue ou de l’appartenance à un groupe culturel, leurs conditions de pratique sont parfois liées à ces statuts. À travers une étude sociodémographique des artistes de la francophonie canadienne, nous analysons les données relatives aux femmes artistes. Nous montrons que, bien qu’elles détiennent des diplômes plus élevés que leurs homologues masculins, elles sont considérablement moins bien rémunérées que ces derniers. Nous cherchons alors à comprendre si des processus de minorisation des femmes de l’activité professionnelle artistique en milieu francophone peuvent expliquer certaines inégalités et comment la production des discours sur l’identité (femme, francophonie, minorité linguistique) renforce la tension entre l’art et la perspective identitaire.
Mots-clés : artiste, femmes, francophonie canadienne, inégalités, minorisation.
Mélanie Girard
Pouvoir et dynamique de groupe (p. 177–208)
Résumé :
La phénoménologie a beaucoup insisté sur la liberté de l’acteur social. Cette approche et celles qui en découlent connaissent des limites importantes. La pleine reconnaissance de ces limites suppose un déplacement paradigmatique de l’action vers la relation. Ce déplacement suppose une remise en question de la notion de pouvoir telle qu’elle est modélisée par la phénoménologie et ses dérivés, que l’on peut qualifier de perspectives surrationnalisantes. Dans cette perspective, la plupart des théories présentent le pouvoir comme une chose détenue; une approche relationnelle le présente comme une catégorie analytique non utile. Le travail que voici rend compte d’une démarche d’opérationnalisation du pouvoir comme détenu, lequel renvoie à une distribution formelle de l’autorité. Elle le fait en créant des indicateurs qui sont soumis à l’empirie. Elle conclut à la non-détermination du pouvoir formel dans la circulation de l’information et ouvre ainsi la voie à des modélisations dans lesquelles le pouvoir n’apparaît plus comme un concept central pour la compréhension des relations humaines.
Mots-clés : phénoménologie, action, relation, dynamique, pouvoir, pouvoir formel, pouvoir informel.
Mircea Vultur
Économie et société. Pistes de sortie de crise, Louis Favreau et Ernesto Molina, Presses de l’Université du Québec, coll. « Initiatives », 2011 (p. 209–214)
Gérard Divay
Innovation sociale et territoire. Convergences théoriques et pratiques, Guy Bellemare et Juan-Luis Klein (dir.), Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. « Innovation sociale », 2011 (p. 215–218)
Omer Chouinard
L’Économie sociale, vecteur d’innovation. L’expérience du Québec, Marie J. Bouchard (dir.), préface de Riccardo Petrella, Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. « Innovation sociale », 2011 (p. 219–222)
Chantale Beaucher
La Recherche d’extase chez les jeunes, Nicolas Ducournau, Jocelyn Lachance, Louis Mathiot et Meryem Sellami (dir.), Québec, Presses de l’Université Laval, coll. « Sociologie au coin de la rue », 2010 (p. 223–225)
Garry Potter
Integral Theory in Action: Applied, Theoretical, and Constructive Perspectives on the AQAL Model, Sean Esbjörn-Hargens (dir.), préface de Roger Walsh, postface de Ken Wilber, Albany (NY), State University of New York Press (SUNY Press), 2010 (p. 226–232)