Volume 7, numéro 1, 2011

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Rachid Bagaoui et Alain Beaulieu

Y a-t-il une théorie en interdisciplinarité? avant-propos (p. 13–14)

Julie Thompson Klein

Une taxinomie de l’interdisciplinarité (p. 15–48)

Résumé :

Les trois termes les plus fréquemment utilisés et qui sont associés à l’interdisciplinarité – multidisciplinarité, interdisciplinarité, transdisciplinarité – constitutent la principale taxinomie pour comprendre les degrés d’interaction et d’intégration entre les disciplines ainsi que les degrés de collaboration au sein des équipes de recherche. Les typologies distinguent également les activités méthodologiques qui visent à améliorer les résultats théoriques à la faveur d’une meilleure compréhension des enjeux épistémologiques. La construction d’un « pont » laisse intactes les approches existantes, alors que la restructuration produit de l’interdisciplinarité et des champs nouveaux. La résolution instrumentale ou opportuniste des problèmes diffère des formes critiques qui interrogent la structure existante de la connaissance et de l’éducation. La transdisciplinarité inclut la quête d’unité de même qu’un nouvel encadrement en vue de comprendre les phénomènes complexes et la recherche trans-sectorielle qui implique les acteurs de la société.

Mots-clés : multidisciplinarité, interdisciplinarité, transdisciplinarité, intégration, collaboration.

Simon Laflamme

Recherche interdisciplinaire et réflexion sur l’interdisciplinarité (p. 49–64)

Résumé :

L’interdisciplinarité constitue une pratique scientifique usuelle et féconde. Il y a d’ailleurs de nombreuses théories interdisciplinaires. Mais il n’y a pas de théorie de l’interdisciplinarité. Les études sur l’interdisciplinarité parlent d’une approche appelée à sauver le monde, dichotomisent monodisciplinarité et interdisciplinarité, fabriquent des typologies du travail interdisciplinaire, mais elles ne livrent pas de théories de l’interdisciplinarité. En fait, le projet d’une telle théorie est absurde parce que s’il peut y avoir des théories scientifiques, il ne peut y avoir de théorie de la science. C’est ce que soutient cet article.

Mots-clés : interdisciplinarité, épistémologie, typologie.

Frédéric Darbellay

Vers une théorie de l’interdisciplinarité? Entre unité et diversité (p. 65–87)

Résumé :

L’interdisciplinarité apparaît comme une voie nouvelle dans le développement de l’enseignement et de la recherche universitaires. L’analyse de ses potentialités, mais aussi des obstacles qu’elle rencontre, met en lumière les relations complexes qu’elle entretient avec les disciplines institutionnalisées. L’interdisciplinarité est pensée ici comme un processus d’articulation entre plusieurs disciplines qui ne se résume pas à une simple addition de savoirs hétérogènes. Sans prétendre à une théorie unifiée, qui équivaudrait à la naissance d’un nouveau paradigme, il convient au contraire de prendre en compte la diversité des postures épistémologiques qui contribuent à la co-élaboration du processus interdisciplinaire.

Mots-clés : interdisciplinarité, sciences humaines et sociales, complexité, paradigme, dialogisme.

Basarab Nicolescu

De l’interdisciplinarité à la transdisciplinarité : fondation méthodologique du dialogue entre les sciences humaines et les sciences exactes (p. 89–103)

Résumé :

Le texte analyse la manière dont la transdisciplinarité peut conduire à une fondation méthodologique du dialogue entre deux cultures post-modernes (culture technoscientifique et culture spirituelle) de même qu’entre les sciences humaines et les sciences exactes.

Mots-clés : connaissance, méthode, interdisciplinarité, transdisciplinarité.

Anne-Françoise Schmid, Muriel Mambrini-Doudet et Armand Hatchuel

Une nouvelle logique de l’interdisciplinarité (p. 105–136)

Résumé :

Une épistémologie non-standard, relativement autonome des disciplines et du présent, est nécessaire pour caractériser une nouvelle logique de l’interdisciplinarité. Il s’agira de montrer comment la crise de la représentation des sciences, la modification des objets scientifiques contemporains, l’hétérogénéité et l’incompatibilité des modèles – un autre rapport au futur dans les sciences – nous conduit à pratiquer une « interdiscipline » qui ne peut plus être caractérisée comme la combinaison de connaissances disciplinaires différentes. Nous montrerons comment construire dans cette hétérogénéité des « lieux d’interdiscipline » qui permettent de nouvelles relations entre les disciplines, ainsi que des relations démocratiques entre disciplines. Cela suppose une translation ou une dérive des disciplines et une conception des objets comme « inconnus » et non représentables dans une « distance phénoménologique ».

Mots-clés : interdisciplinarité, discipline, objet, épistémologie générique, « lieu d’interdiscipline », itération.

Wiktor Stoczkowski

La double quête : un essai sur la dimension cosmologique de synthèses interdisciplinaires en sciences sociales (p. 137–155)

Résumé :

Depuis leur émergence, les sciences sociales se livrent à une double quête : d’une part, elles cherchent à construire une connaissance objective du monde humain; d’autre part, elles souhaitent employer cette connaissance pour apporter au monde humain des améliorations radicales. Ces deux ambitions ont été systématiquement tenues pour complémentaires et compatibles : la connaissance de l’homme et de la société devait être un moyen; la transformation de l’homme et de la société en était la fin. Il s’agit là d’un pari fondateur des sciences sociales, responsable de la plupart des espoirs dont on a pu les investir. En prenant comme exemple quatre « grandes théories », cet article se propose d’analyser les présupposés et les implications de cette double quête des sciences sociales.

Mots-clés : anthropologie des sciences, théories des sciences sociales, cosmologies occidentales, sotériologies laïques.

Labiadh Ines

Le développement rural : une approche interdisciplinaire. Application à une région du sud-est tunisien (p. 157–182)

Résumé :

L’objectif de ce texte consiste à montrer qu’il existe des savoirs ou des disciplines proprement interdisciplinaires et ce en partant de l’affirmation de l’utilité de l’interdisciplinarité dans le traitement des problématiques complexes auxquels sont confrontés les chercheurs de nos jours. Dans le sud-est de la Tunisie, objet de l’étude, les résultats préliminaires de recherches permettent d’affirmer que le développement rural, en tant qu’approche de mise en valeur d’un territoire en difficulté, est un processus naturellement interdisciplinaire.

Mots-clés : interdisciplinarité, approche systémique, développement rural, Sud-est tunisien.

Louise Belzile, Yves Couturier et Dominique Lorrain

De l’interdisciplinarité à l’inter-épistémê. Le cas d’une formation interdisciplinaire de troisième cycle en gérontologie (p. 183–197)

Résumé :

L’article porte sur la représentation des premiers diplômés et doctorants d’un programme de formation doctorale en gérontologie sur la place de la composante interdisciplinaire dans leur cursus. Celle-ci est représentée comme une source d’enrichissement personnel et professionnel pour les étudiants, essentielle à la compréhension en profondeur des phénomènes complexes qui émergent du vieillissement et à la constitution d’une perspective gérontologique. La condition fondamentale favorable à cet effet semble être la constitution dans le cadre des séminaires d’un espace inter-épistémologique de formation qui a su se prolonger dans l’ensemble des activités du lieu de formation.

Mots-clés : formation, épistémologie, gérontologie, interdisciplinarité, pédagogie universitaire.