Volume 5, numéro 1, 2009

prise-deparole-logo-40

Claude Javeau

Aux deux moments des relations sociales (p. 15–19)

Résumé :

Tout phénomène social doit être envisagé à partir de la prise en compte de deux moments, institutionnel (macro­sociologique) et situationnel (microsociologique). Les relations sociales s’inscrivent en priorité dans le second. Elles impliquent des définitions spécifiques partagées par les divers intervenants. Mais elles s’inscrivent aussi dans le cadre de rapports sociaux déterminés par le premier moment, et qui renvoient fréquemment à des systèmes de domination. Occulter l’existence d’un encadrement institutionnel des rapports de domination, tels que découlant de processus historiques traduits en idéologies, c’est faire de la sociologie un simple discours apologétique des choses telles qu’elles sont.

Mots-clés : domination, idéologie, institution, interaction, légitimation, moments (d’analyse), rapport social, réciprocité, regroupement, situation.

Kenneth J. Gergen

La relation comme action collaborative (p. 21–24)

Résumé :

Traditionnellement, nous avons conçu la relation comme étant formée à partir de deux ou plusieurs individus. Toutefois, cette construction de la relation donne une priorité ontologique à l’individu, alors que les relations deviennent une dérivée secondaire. En termes des impli­cations idéologiques, nous sommes encouragés à donner priorité aux individus. Le résultat fait en sorte que de nombreuses théories en sciences sociales offrent un rai­sonnement à l’idée d’un individualisme culturel sans même s’en rendre compte. Dans ce travail, je tente d’offrir une conception alternative de la relation où on retrouve un processus relationnel a priori à l’individu. Sous cette optique, la conception même de l’individu en est une d’action collaborative (co-action). Les implica­tions plus larges mettent l’accent sur la confluence de la vie sociale.

Mots-clés : individualisme, action collaborative, idéologie, confluence, jeu de langage.

Rachid Bagaoui

La sociologie relationnelle comme principes structurants et comme théories sociales (p. 25–29)

Résumé :

Le modèle d’analyse relationnelle est au coeur de la pensée sociologique. Il n’existe pas, cependant, de consensus sur la façon d’utiliser et de traduire ce model relationnel dans la pratique de la recherche. L’auteur insiste sur l’importance de distinguer entre les conditions de faire la sociologie relationnelle et la mise en pratique du principe relationnel. Il présente un cas de figure du modèle relationnel et illustre ce principe par un exemple tiré de ses recherches dans le champ de la sociologie du travail.

Mots-clés : théorie de la connaissance, théories sociales, actions sociales, systèmes des relations, rapports salarial, compro­mis social, Taylorisme-Fordisme.

Ali Aït Abdelmalek

Mutations identitaires et complexité du lien social : approche sociologique de l’intégration et de l’exclusion (p. 31–49)

Résumé :

Dans les sociétés modernes, l’attention est de plus en plus sollicitée par l’affaiblissement des liens sociaux. On va présenter un éclairage spécifique concernant les interac­tions entre individus et société, dont la compréhension nécessite une réflexion sur la notion de « demande sociale » et l’adoption d’un point de vue historique. De nos jours, ni les controverses théoriques ni les discussions relatives au déterminisme n’ont disparu. Au-delà des querelles d’interprétation des liens sociaux, émerge peu à peu une figure originale de scientificité qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur

Mots-clés : liens sociaux, relation, individu et société, théories sociologiques.

Guy Bajoit

Le concept de relation sociale (p. 51–65)

Résumé :

Puisque la relation sociale est le fondement de la vie commune, elle est aussi la notion centrale de la sociologie. Dès lors, il est indispensable de conceptualiser cette notion, pour la rendre opérationnelle dans le travail de recherche empirique et pour construire autour d’elle une théorie de la société. L’article qui suit a pour but de proposer une telle conceptualisation : l’auteur tente de définir la notion de relation sociale, d’en distinguer les différents types, et de montrer comment elle permet d’articuler les sens culturels et les contraintes sociales.

Mots-clés : relation sociale, contraintes de la vie commune, modèle culturel, paradigme sociologique.

Michel Lallement

L’institution au prisme de la relation (p. 67–77)

Résumé :

La notion d’institution possède une longue et riche car­rière en sciences sociales. Pour diverses raisons, elle a perdu du crédit en sociologie ces dernières années. En marchant sur les brisées d’Émile Durkheim, mais à l’écart néanmoins de toute tentation déterministe, cet article propose de réhabiliter l’institution en tant que processus multipolaire. Le programme relationnel s’avère à cette fin particulièrement heuristique. La décomposition de toute institution en quatre fonctions élémentaires, autonomes et donc potentiellement conflictuelles invite à repenser les faits sociaux les plus variés dans une perspective ouverte et dynamique. À ce titre, l’institution peut se définir comme un ensemble de relations de relations.

Mots-clés : institution, relation, Durkheim, division, intégration, individuation, régulation, parenté, relations profession­nelles.

Simon Laflamme

Sciences sociales et approche relationnelle (p. 79–85)

Résumé :

La sociologie, comme l’économie dont elle est issue, et comme la plupart des sciences sociales, oscille entre deux approches : l’une qui veut que les phénomènes sociaux soient interprétables en fonction d’un acteur rationnel, l’autre d’après laquelle l’explication des phénomènes sociaux résulte de la possibilité d’en saisir les relations. Ces deux perspectives cohabitent souvent, même au sein d’une même théorie; mais elles sont contradictoires : le social ne peut être le strict produit d’actions individuelles en même temps que celui des interactions humaines ou des relations entre les phénomènes sociaux. C’est pour­quoi l’interactionnisme s’impose aux théories individua­listes et pourquoi aussi l’idéologie d’un acteur rationnel, libre, intéressé, intentionnel et stratégique n’annule pas toutes les démarches relationnelles. Les approches rela­tionnelles sont essentielles aux sciences sociales bien simplement parce qu’il n’y a pas d’individu en dehors d’interactions humaines et qu’il n’y a pas non plus de phénomène social qui ne soit pas ou bien un composé de relations ou bien lui-même en relation avec d’autres phénomènes.

Mots-clés : relation, sciences sociales, rationalité, intention, émoraison.

Graham Scambler

Réalisme, sociologie et concepts de relations (p. 87–93)

Résumé :

Le mot « relations » se réfère à de nombreux concepts qui sont parfois peu compatibles entre eux en sociologie contemporaine. Compte tenu de la brièveté de la contri­bution que nous offrons ici, aucun effort ne sera fait pour modifier cette situation. Je présenterai plutôt une inter­prétation générale, une sorte de dénominateur commun, puis j’illustrerai la manière dont j’ai cherché à utiliser ces termes dans mes propres travaux sur les stigmates et sur les inégalités en matière de santé au Royaume-Uni – dans mes écrits, les termes relations et structures sont plus ou moins traités en tant que synonymes. Je terminerai avec une réflexion sur ce que j’appelle le modèle jigsaw, un outil heuristique susceptible de faciliter l’étude sociologi­que des relations qui se manifestent dans le monde social que nous habitons.

Mots-clés : relation, stigmate, santé, jigsaw.

Nicolas Bonnet

Résilience d’un territoire face au chômage : les réseaux d’entreprises innovantes sur Montpellier (p. 97–115)

Résumé :

L’objectif de l’article est d’évaluer la résilience d’un territoire face à des perturbations économiques, ici l’aire urbaine de Montpellier, au travers de l’étude de la morphologie des réseaux d’entreprises locales. Pour réaliser cette analyse, nous avons mené un recensement des dépôts communs de brevets des entreprises innovantes locales. Cette approche a permis une modélisation de ces réseaux avec la théorie des graphes sur plusieurs plages temporelles. Au final, cette analyse permet de mettre en évidence au sein de ces réseaux locaux d’innovation le rôle joué par des entreprises-pivots dans la résilience d’un territoire, notamment en termes de pérennité de son tissu entrepreneurial innovant mais également de niveau d’emploi.

Mots-clés : proximité, résilience, réseaux d’entreprises, innovation, emploi.