Julien Mahoudeau
Perspectives de recherche et d’action pour la valorisation scientifique : sur quelques expériences hypermédias en archéologie (p. 9–46)
Résumé :
La communication des savoirs scientifiques est un élément essentiel de la science, participant de son ampleur et de ses justifications politiques et sociales. Centrée sur le champ de l’archéologie, la réflexion se focalise ici sur la valorisation hypermédia entendue comme processus de mise en valeur par les techniques digitales des savoirs scientifiques à destination de publics nonspécialistes. Quatre expériences de conception et réalisation d’hypermédias de valorisation du patrimoine archéo-logique servent de socles pour explorer différentes perspectives : complexité endogène des hypermédias, professionnalisation du médiateur hypermédia, transversalité des dispositifs, complexité exogène. Nous proposons que cette conjonction de perspectives aide à mieux comprendre comment sont définies de nouvelles conditions de recherche et d’action pour la valorisation scientifique. Nous voulons aussi montrer concrètement comment les techniques digitales participent à l’avancée de la science et à la démocratisation des connaissances par le biais d’outils de médiation.
Mots-clés : média, Internet, archéologie, valorisation scientifique, tourisme, patrimoine.
Mélanie Girard
Éléments de critique des théories de l’action (p. 47–60)
Résumé :
Malgré de nombreux développements en sciences sociales, les théories de l’action continuent de faire usage d’un appareillage conceptuel dont les concepts apparaissent comme nécessaires les uns aux autres et liés entre eux de façon égalitaire. Ces concepts, en outre, sont compris comme étant à la fois la cause et l’expression de la liberté de l’acteur. À partir de cette structure atomique, dans laquelle aucun concept n’a d’ascendant logique sur les autres, est construite et interprétée l’action humaine. Or, une réflexion approfondie nous révèle que ces concepts – conscience, rationalité, stratégie, intérêt, intention – sont de niveaux sémantiques différents, certains représentant des catégories principielles, d’autres, des catégories analytiques. Elle nous révèle aussi que les liens entre les concepts ne sont pas nécessaires. L’exercice que voici consiste à mettre en question la valeur heuristique de l’outillage conceptuel des théories de l’action ; il donne cours, pour une première fois, à la création d’indicateurs pour l’analyse.
Mots-clés : théories de l’action, intention, conscience, liberté, rationalité, intérêt, stratégie.
Luc Bussières
Rites funèbres et sciences humaines : synthèse et hypothèses (p. 61–139)
Résumé :
Les rites funèbres sont des rites de passage vieux de 100 millénaires. Ils ont différentes fonctions sociales, dont celle de se placer entre la mort et nous, entre la mort et la culture. Plusieurs auteurs de diverses sciences humaines ont écrit à propos des modifications récentes et profondes du monde de la ritualité funéraire en Occident, soit pour parler de déritualisation, soit pour parler d’invention de « nouveaux rituels ». Nous proposons ici une synthèse des savoirs sur la place des rites funèbres fondée par l’observation des sociétés de la tradition et de la modernité, de même qu’une série d’hypothèses, à vérifier empiriquement, en contexte de postmodernité.
Mots-clés : mort, rites, mythes, postmodernité, sacré.
Simon Laflamme
Analyses qualitatives et quantitatives : deux visions, une même science (p. 141–149)
Résumé :
Cet article suggère que, malgré bon nombre de plaidoiries qui affirment que les méthodes qualitatives et quantitatives sont antinomiques, ces deux types de méthode ont beaucoup en partage et ils sont tous les deux soumis aux mêmes exigences de scientificité . Non seulement jouent-ils des rôles complémentaires dans les sciences humaines, mais, en plus, 1) leurs analyses doivent toujours avoir quelque représentativité, 2) leurs résultats doivent pouvoir caractériser un ensemble étudié, 3) les caractérisations doivent être modulées par les variations individuelles, 4) leurs analyses doivent établir des liens entre les objets/sujets étudiés, et 5) ces analyses sont soumises à la tension qui s’impose entre l’obligation de regrouper les données et celle d’en respecter les particularités.
Mots-clés : méthode qualitative, méthode quantitative, science.
Rachid Bagaoui
Un paradigme systémique relationnel est-il possible ? Proposition d’une typologie relationnelle (p. 151–175)
Résumé :
Régulièrement les sociologues s’interrogent sur l’unification de leur savoir et sur les moyens d’y parvenir. Certains croient que non seulement l’atteinte de cet objectif est possible, mais qu’ils possèdent déjà un paradigme : l’analyse relationnelle. Paradoxa-lement, soutiennent-ils, la sociologie, jusqu’à maintenant, n’a pas su se donner ce paradigme comme principe unificateur. Nous défendons l’idée qu’il existe des sociologies relationnelles, comme le montre la typologie que nous proposons. De plus, que la relation, ne peut, pour différentes raisons, servir de principe unificateur. Nous voyons en elle plutôt un terrain de confrontation entre les tenants de l’approche relationnelle et au sein de chaque approche se réclamant de l’analyse relationnelle.
Mots-clés : analyse systémique, approche relationnelle, sociologie.