Jean-Louis Le Moigne
Sur la méthode topico-critique : au service de la reconstruction scientifique (p. 13–31)
Résumé :
S’interroger sur la légitimité des propositions scientifiques que nous élaborons et enseignons apparaît souvent comme une « incongruité » dans le contexte épistémique de l’époque. Pourtant une riche tradition de la pensée occidentale qui va de Protagoras à Morin en passant, entre autres, par Vico, Bachelard et Piaget, nous alerte contre l’illusion d’un savoir divin universellement certain. La « fin des certitudes », l’enracinement de la connaissance et l’interrogation du souhaitable à partir du faisable constituent des principe alternatifs à l’épistémologie dominante capables de fonder le travail de légitimation des connaissances que nous produisons.
Mots-clés : épistémologie, connaissance, méthode topico-critique, complexité, cartésianisme, éthique, responsabilité sociale des chercheurs.
David Chavalarias
La part mimétique des dynamiques de cognition sociale : clé pour penser l’auto-transformation du social (p. 33–57)
Résumé :
Certains scientifiques, sociologues ou économistes en particulier, se sont récemment emparés du terme de cognition sociale utilisé en psychologie en lui donnant un second sens, à savoir, une cognition distribuée sur l’ensemble des individus composant une société. L’enjeu est alors de savoir «en quoi les aptitudes sociales humaines rendent compte du développement d’une cognition collective complexe». Nous défendons ici l’idée que la cognition sociale est un raffinement du concept de cognition distribuée plutôt qu’un équivalent. C’est un phénomène propre aux sociétés humaines qui permet de penser leur propriété d’auto-transformation. Nous montrons comment l’imitation permet de penser ce phénomène, comme le suggérait en son temps Gabriel Tarde.
Mots-clés : cognition sociale, auto-organisation, imitation, téléologies individuelles, différenciation sociale.
Camille Roth
Reconstruction en sciences sociales : le cas des réseaux de savoirs (p. 59–101)
Résumé :
Des agents produisant et échangeant des connaissances constituent un système complexe socio-sémantique, dont l’étude représente un défi à la fois théorique, dans la perspective de résoudre un problème de reconstruction en sciences sociales, et pratique, avec des applications permettant aux agents de connaître la dynamique du système dans lequel ils évoluent. Nous montrons que plusieurs aspects significatifs de la structure d’une communauté de savoirs sont principalement produits par la dynamique d’un réseau épistémique où co-évoluent agents et concepts. La structure est principalement décrite par la taxonomie de communautés de savoirs à partir de simples relations entre agents et concepts et de treillis de Galois ; nous obtenons une description historique se rapportant à la progression des champs, leur déclin, leur spécialisation ou leurs interactions. Nous micro-fondons ensuite ces phénomènes en exhibant et en estimant empiriquement des processus d’interaction au niveau des agents, en co-évolution avec les concepts au sein du réseau épistémique, qui rendent compte de la morphogenèse et de l’émergence de plusieurs faits stylisés structurels de haut-niveau.
Mots-clés : systèmes complexes, cognition sociale, reconstruction, épistémologie appliquée, réseaux sociaux dynamiques, sociologie mathématique, co-évolution culturelle, treillis de Galois.
William’s Daré, Christine Fourage et Ibrahima Diop Gaye
Positionnement des sociologues dans la démarche de modélisation Domino (p. 103–126)
Résumé :
Au Sénégal et à la Réunion, gestion décentralisée des ressources naturelles et multiplicité des usages de l’espace amènent les gestionnaires du territoire à penser les complémentarités et compétitions entre secteurs d’activité et niveaux d’organisation. Des outils de représentation des interactions entre sociétés et écosystèmes et de leurs dynamiques existent mais peu sont construits avec les acteurs.
Domino s’appuie sur la modélisation d’accompagnement. Dés ses premières étapes, cette démarche participative implique des chercheurs de disciplines différentes et des acteurs producteurs d’informations et potentiels utilisateurs. Le projet souhaite renforcer les capacités des acteurs pour mieux appréhender les enjeux de leur développement. Le sociologue y contribue en élaborant une grille de lecture de la réalité sociale qu’il s’agit ensuite de modéliser. Attentif au projet social originel il questionne l’adéquation entre la modélisation d’accompagnement et ses usages sociaux. Les théories sociologiques sont ici confrontées aux réalités du terrain. Ce pragmatisme revisite la posture sociologique.
Mots-clés : modélisation d’accompagnement, ComMod, aménagement du territoire, Sénégal, Réunion, sociologie, recherche impliquée, éthique, sécurisation foncière, participation.
Évelyne Biausser
Note de lecture. De la complexité des politiques locales. Systèmes d’action et enseignement supérieur dans les villes moyennes de Midi-Pyrénées, de Pascal Roggero, Paris, L’Harmattan, coll. « Pratique de la systémique », 2005 (p. 127–135)